Sorti en 2016
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Réalisation
Anne Fontaine
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Scénario original
Sabrina B. Karine & Alice Vial, d'après une idée originale de Philippe Maynial
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Production
Mandarin Cinéma
Aeroplan Film
France 2 Cinéma
Mars Films
Scope Pictures -
Distribution
Mars Distribution
Les Innocentes
Alice Vial & Sabrina B. Karine
Ce film, c’est une sorte de conte de fées pour les deux jeunes scénaristes Alice Vial & Sabrina B. Karine : repérées au Festival international des scénaristes en 2011, le Groupe Ouest leur remet un prix et elles sont invitées quinze jours plus tard à la Sélection Annuelle du Groupe Ouest. Au programme, main dans la main avec un groupe de six auteur.e.s, quatre sessions de coaching d’écriture en résidence à Plounéour-Brignogan-Plages, Nord-Finistère, sur leur projet de long-métrage : « Les Innocentes » alors appelé « Au nom de la mère ». Un soutien sur neuf mois, sur site, à distance, sur site à nouveau, le nez dans les vols de mouettes, et les debriefings au Café du Port, avec Marcel Beaulieu et Yann Apperry en mentors.
Le corps à corps avec leur sujet prend alors des allures de combat titanesque : « Pologne, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, une infirmière de la Croix-Rouge française découvre que dans un couvent des environs de Varsovie, une trentaine de nonnes s’apprêtent à accoucher, violées par des soldats russes… ». Un fait divers leur a été raconté, une histoire vraie à propos de laquelle elles ne trouvent pas la moindre trace, le moindre témoignage fiable. Les faits ont été enfouis dans le plus grand secret, compte-tenu des tabous de l’époque… Il leur faut tout ré-inventer, se glisser elles-mêmes à l’intérieur du drame pour le faire naître et en tirer la substance intime. Un an au Groupe Ouest leur permet de poser des bases suffisamment solides pour qu’Isabelle Grellat (Mandarin Cinéma), qui les avait repéré au Festival international des scénaristes, décide de se lancer dans l’aventure en tant que productrice, passionnée par le défi à relever. Et parmi ces défis, le tout premier est de trouver un (ou une) metteur en scène à la hauteur d’une telle histoire.
Mais cette histoire, ce scénario « montagne » à livrer, Alice et Sabrina n’en sont pas encore arrivées au bout, besoin de continuer à creuser, d’affiner encore. Le Groupe Ouest les introduit auprès de son partenaire de toujours, le TorinoFilmLab. Sélectionnées au TorinoFilmLab, Alice et Sabrina reviennent en 2012 travailler sur les plages du Groupe Ouest, cette fois avec une consultante hollandaise, Anita Voorham. Ça sent le dernier tour de piste. Les deux scénaristes travaillent comme des forçats, conscientes de tenir au bout de leurs doigts un sujet important, une vision puissamment féminine de l’horreur de la guerre.
L’arrivée d’Anne Fontaine sur le projet annonce l’imminence de la dernière ligne droite. Encore quelques foulées d’affinage qui permettront à la réalisatrice de faire sien le scénario en collaboration avec Pascal Bonitzer, et Alice et Sabrina découvrent cette part troublante et belle du métier de scénariste : le tournage arrive, leur bébé passe dans d’autres mains, le cinéma est un sport collectif après tout, autant s’y faire. Et lors des premières projections, les deux jeunes femmes n’en reviennent pas : le film est là, et c’est bien cette histoire qu’elles ont sculptée patiemment pendant cinq ans, transmuée en matière réelle, palpable et sensible par un travail d’orfèvre en mise en scène comme en photographie…
Et en janvier 2016, le film était présenté en grande pompe au Sundance de Robert Redford : « Les Innocentes » est le premier film européen depuis 2003 à figurer parmi les révélations 2016 montrées en avant-premières mondiales. Le dernier était « Good-Bye Lénine »…
Synopsis
Pologne, décembre 1945.
Mathilde Beaulieu, une jeune interne de la Croix-Rouge chargée de soigner les rescapés français avant leur rapatriement, est appelée au secours par une religieuse polonaise.
D’abord réticente, Mathilde accepte de la suivre dans son couvent où trente Bénédictines vivent coupées du monde. Elle découvre que plusieurs d’entre elles, tombées enceintes dans des circonstances dramatiques, sont sur le point d’accoucher.
Peu à peu, se nouent entre Mathilde, athée et rationaliste, et les religieuses, attachées aux règles de leur vocation, des relations complexes que le danger va aiguiser…
C’est pourtant ensemble qu’elles retrouveront le chemin de la vie.
Alice Vial & Sabrina B. Karine en séance de travail à Plounéour-Brignogan en 2011 | © Brigitte Bouillot
Sélections
- César / Meilleur film
- César / Meilleure réalisation
- César / Meilleure photo
- César / Meilleur scénario original
- Avant-première mondiale au Sundance
Q&R avec Alice et Sabrina
Que vous a apporté la Sélection Annuelle du Groupe Ouest ?
La résidence au Groupe Ouest nous a dans un premier temps, permis de nous couper du monde et de la vie parisienne. Quand on fait ce métier, l’imagination et la réflexion sont toujours favorisées par le calme, la nature, le fait de prendre du temps pour soi. Le fait que nos téléphones ne captent pas par exemple était en fait, avouons-le, un vrai bonheur ! Pour ce qui est de l’organisation de la résidence, elle favorise le collectif à plusieurs niveaux. Entre les auteurs, nous devions faire des retours chacun, analyser les textes. Nous avons appris à prendre du recul sur les projets pour mieux les faire avancer. Il y avait aussi un partage avec les habitants du village. Tout le monde était au courant de l’histoire que nous racontions, nous en parlions au Café du Port avec des gens du village, ils suivaient l’évolution du projet. Ça permet au film d’exister au-delà du scénario, ça nous aide à ressentir les futures réactions des spectateurs. Ce qui les touche….
Comment est-ce que le projet est arrivé dans les mains d’Anne Fontaine ?
Ce sont les producteurs Eric et Nicolas (Mandarin Cinéma) qui sont allés voir Anne Fontaine lors du Festival de Cannes 2013, avec un traitement que nous venions de terminer au TorinoFilmLab. Elle a montré de l’intérêt pour le projet mais ça n’est que quelques mois plus tard, alors que nous venions de rendre une deuxième version dialoguée, qu’elle a officialisé son rôle sur le projet. Nous avons alors commencé à travailler sur une nouvelle version ensemble.
Le film a été sélectionné au Sundance, chose rare : il était le premier film européen depuis 2003 à figurer parmi les révélations 2016 montrées en avant-premières mondiales…
Quand nous avons appris la nouvelle pour Sundance, nous avons trouvé ça incroyable. Sundance est un festival très particulier pour nous, non seulement ça donne une très belle visibilité pour le film en Amérique, mais c’est avant tout un festival qui met en avant le cinéma indépendant, ils choisissent des films courageux, exigeants, non formatés, avec une vraie vision. C’est un peu la résistance du cinéma américain ! C’est donc pour nous un honneur d’y avoir été sélectionné. Surtout dans la catégorie Première, qui montre qu’ils ont vraiment eu un coup de cœur pour le projet car ça faisait plus de 15 ans qu’ils n’avaient pas pris de film français !